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Inde : les tensions dans l’Église syro-malabare exacerbées après de nouvelles ordinations

Huit nouveaux prêtres ordonnés cette semaine dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly (Église catholique syro-malabare). Huit nouveaux prêtres ordonnés cette semaine dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly (Église catholique syro-malabare). © Asianews
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Dans une circulaire publiée le 3 novembre, Mgr Bosco Puthur, administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, a demandé aux prêtres et aux laïcs de l’Église catholique orientale syro-malabare de « ne pas s’associer aux organisations qui critiquent la position officielle de l’Église ou qui s’en prennent à sa hiérarchie sur les réseaux sociaux ». Les tensions liturgiques se poursuivent et s’aggravent dans l’archidiocèse indien, qui vient d’ordonner huit nouveaux prêtres.

L’ordination de huit nouveaux prêtres dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly contribue à attiser encore davantage les tensions liturgiques dans l’Église catholique syro-malabare, qui continue de se déchirer depuis 2021. Après avoir été longtemps retardée, l’ordination a eu lieu ce dimanche 4 novembre au séminaire du Sacré-Cœur de Thrikkakara.

Mgr Bosco Puthur, administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, a finalement accepté de les ordonner à condition qu’ils signent une déclaration attestant qu’ils acceptent de remplir leur mission sacerdotale selon les lois de l’Église. Il a fait cette demande en particulier en référence à la forme « unifiée » de la célébration de la Sacra Qurbana – la liturgie eucharistique des communautés syro-malabares – qui est source de tensions depuis des années dans l’Église orientale.

Mgr Bosco Puthur, administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly.
Mgr Bosco Puthur, administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly.
© santhomparishmelb.org

Dans une circulaire publiée le 30 octobre, Mgr Puthur a demandé aux prêtres et aux laïcs de « ne pas s’associer aux organisations qui critiquent la position officielle de l’Église ou qui s’en prennent à sa hiérarchie sur les réseaux sociaux ». Dans la circulaire, que les prêtres de l’archidiocèse devaient lire aux fidèles durant les messes dominicales du 3 novembre, l’évêque a également annoncé que la police serait déployée devant la Curie, afin d’empêcher « tout rassemblement sans l’autorisation de l’administrateur apostolique ».

Les réactions n’ont pas tardé

« Presque deux cents prêtres ont participé à l’ordination », selon le père Kuriakose Mundadan, secrétaire du conseil presbytéral de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly. « D’habitude, dans la liturgie d’ordination, la première partie est consacrée à l’ordination elle-même, puis la première Sainte Messe est célébrée », a-t-il expliqué.

« Beaucoup de prêtres de l’archidiocèse ont participé à la cérémonie d’ordination. Mais ils ont boycotté la première messe des nouveaux prêtres avec Mgr Bosco Puthur, afin d’exprimer leur mécontentement avec les nominations récentes et sur le fait que les nouveaux prêtres n’aient pas l’autorisation de célébrer la messe face au peuple, comme elle est célébrée dans presque toutes les paroisses de l’archidiocèse », a-t-il ajouté.

C’est en référence à la forme unifiée de la liturgie : selon la tradition la plus ancienne, les prêtres syro-malabars célèbrent dos au peuple, mais une réforme vieille d’une soixantaine d’années l’a fait célébrer face au peuple. Un synode tenu en août 2021 a tranché : la célébration doit se faire face au peuple pendant la première moitié de la messe, puis dos au peuple ensuite, c’est la forme « unifiée ». Si elle a été acceptée dans les autres diocèses de l’Église orientale, la réforme s’est heurtée à forte résistance dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angalamy.

Plus de trois ans de tensions liturgiques

L’administrateur apostolique d’Ernakulam-Angamaly vit toujours sous protection policière dans l’archevêché du district d’Ernakulam. L’archidiocèse est le siège du chef de l’Église syro-malabare, l’archevêque majeur Raphael Thattil, qui administre l’Église orientale depuis son quartier général, situé à quelque dix kilomètres à l’est de la ville d’Ernakulam.

La seconde plus grande Église orientale compte 5 millions de fidèles, répartis à travers 35 diocèses et à l’étranger. L’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly compte quant à lui 500 000 catholiques, soit environ 10 % des membres de l’Église orientale.

Parmi les groupes qui s’opposent à la réforme liturgique, le mouvement AMT (Archdiocesan Movement for Transparency), qui regroupe des prêtres, des religieux et des laïcs, a été parmi les leaders de l’opposition depuis trois ans. Après la publication de la circulaire du 30 octobre, le mouvement a annoncé son intention de brûler des copies le 3 novembre. Les tensions liturgiques ont entraîné des violences, des grèves de la faim, des effigies brûlées sur la place publique, des interventions policières et la fermeture de la cathédrale Sainte-Marie d’Ernakulam.

(Avec Asianews et Ucanews)