Le catholicisme est bien vivant en Asie
© A.E.Rédigé par Frances, paroissienne de Singapour, le 20/12/2024
Du taoïsme au christianisme, Frances, a parcouru un long chemin de foi. Catholique convertie, elle s’implique aujourd’hui dans la vie de sa paroisse. Elle nous explique comment elle percevait le christianisme avec son regard asiatique avant et après sa rencontre avec le Christ.
Le catholicisme a été introduit à Singapour par les missionnaires portugais qui ont débarqué à Malacca en 1 511. Six siècles après, selon le dernier recensement effectué en 2020, Singapour compte plus de 373 000 catholiques pour une population totale de 5,6 millions d’habitants. 18,9 % des habitants de Singapour sont identifiés comme chrétiens, dont 37,1 % de catholiques et 62,9 % d’autres chrétiens (principalement des protestants).
Il y a 32 églises catholiques et 59 établissements d’enseignement catholiques (écoles maternelles, primaires et secondaires et un seul et unique collège catholique, très prisé par l’ensemble de la cité-état. Ces écoles sont fréquentées par des élèves catholiques et non catholiques, dont certains ont fini par se convertir.
À Singapour, l’enseignement est principalement dispensé en anglais. L’acceptation et l’adaptation du catholicisme à notre culture asiatique se font donc presque sans heurts.
Cette influence positive de la religion catholique s’est particulièrement manifestée lors de la visite du pape François en Asie et chez nous, à Singapour en septembre. Tout le pays où presque, croyants et non croyants, s’est mobilisé avec un grand enthousiasme pour préparer ce voyage papal. L’accueil immensément joyeux réservé au pape François a permis à tous de vivre des moments intenses. Des messes monumentales ont électrisé les foules à l’intérieur du stade, dans les rues, les paroisses et les maisons. Le catholicisme est bien vivant en Asie, loin de la croyance qu’il s’agit d’une religion occidentale. J’admire l’Église catholique car c’est une Église universelle. C’est extraordinaire de voir chaque jour, les mêmes lectures et le même Évangile proclamés dans n’importe quel pays, dans la langue de ce pays.
Une conversion à l’âge adulte
Née et élevée dans une famille taoïste, je me suis convertie au catholicisme en 1991, à l’âge de 29 ans. Je ne l’ai jamais regretté. Je sais que je mourrai catholique.
Dans le taoïsme, le culte des ancêtres était à l’ordre du jour. Ma participation au culte impliquait la présentation et l’offrande de nourriture (poulet entier cuit et canard ou porc…), de sucreries, de thé et autres cadeaux à nos ancêtres. Sans oublier la combustion de billets de banque pour leur usage dans l’autre monde. On appelait cela les billets de banque « de l’enfer » et je me demandais souvent, dans mes jeunes années ce que signifiait « l’enfer » ? Ce n’est certainement pas l’endroit où j’ai envie d’aller.
En grandissant et en commençant à me forger mes propres opinions, je trouvais ce culte déplacé. Je n’y adhérais pas du tout. Alors, je me suis interrogée sur le sens à donner à la vie.
J’avais connu brièvement une période chrétienne pendant mon adolescence dans une église baptiste. Mais c’était plus une expérience de vie sociale : un lieu d’appartenance, pour être avec mes proches, mes amis, pour me sentir acceptée dans un groupe. Mais il n’y avait aucune profondeur pure de la foi chrétienne, ni spiritualité dans ces moments. Ce n’est véritablement que lorsque j’ai commencé à m’installer seule dans la vie, au début de la vingtaine, que j’ai ressenti ce vide dans ma vie. Un soir, bizarrement et doucement, Notre Dame, la Sainte Mère, m’a appelée et conduite vers une église catholique qui allait changer ma vie pour toujours. C’était le premier jour du RICA (Rite d’initiation chrétienne pour adultes) à l’église. J’ai assisté à la première session et j’y suis retournée chaque semaine. J’ai continué pendant 18 mois d’assister à ces sessions avant d’être finalement baptisée et confirmée !
Quel voyage et quelle aventure ! Tout cela en valait la peine. Beaucoup sont appelés. Je suis heureuse que Mère Marie m’ait appelée !
Asiatique et catholique
Après ma conversion et mon implication dans la foi catholique, j’ai découvert, à ma grande surprise, que le catholicisme est assez répandu en Asie, notamment aux Philippines, en Thaïlande, au Japon et au Timor Oriental, pour ne citer que quelques pays.
Ayant reçu une éducation en langue anglaise, je n’ai eu aucun problème à m’adapter à ma nouvelle foi. Mon seul handicap à l’époque était que je n’avais pas une compréhension plus profonde de la foi. Or l’Église catholique est imprégnée de traditions. Un néophyte doit consacrer beaucoup de temps, d’énergie et d’efforts à apprendre patiemment et à lire sur Internet ou dans des livres afin de se familiariser avec les Écritures, les traditions et le magistère de l’Église catholique.
Chaque nouvelle découverte m’étonne encore, mais avec le temps et en assistant régulièrement aux messes et aux cours dispensés par les religieux et les laïcs, mon approche de la foi est devenue plus profonde et je comprends mieux les Écritures.
Chaque fois que je regarde notre Seigneur crucifié sur la croix, je perçois et ressens l’amour de Dieu qui nous a donné son Fils unique pour mourir pour tous nos péchés.
Pour citer le Dr Scott Hahn, professeur de théologie, « Jésus a payé une dette qu’il n’avait pas parce que nous avions une dette que nous ne pouvions pas payer ».
J’ai parcouru un long chemin et je remercie ma communauté catholique et ma foi pour tout ce qu’elles m’ont apporté. Je me sens reconnaissante pour ce que je suis aujourd’hui et je dois tout cela à Dieu, à Jésus et à ma sainte Mère. Aujourd’hui, j’apporte mon aide à la prière au sein de la Confrérie des Saintes Âmes. On retrouve cette confrérie dans la plupart des paroisses de presque toutes les églises de Singapour. Nous prions pour nos frères et sœurs défunts pour qu’ils accèdent à l’amour miséricordieux de Dieu. Nous nous efforçons d’être les instruments de Dieu pour apporter Sa consolation et le soutien de l’Église à la famille endeuillée.
Frances, paroissienne de Singapour